HEDONISME: Système moral qui fait du plaisir le principe ou le but de la vie

mercredi 30 novembre 2011

St Tropez / Calvi en 5h20mn

SPEED CORS’ING
S t   T R O P E Z  -  C A L V I    E n    K i t e s u r f



Mardi 24 Juillet 2007 – 16h21 – Entrée du Port – Citadelle de Calvi :
Un homme est en train de monter à bord d’un petit bateau du club de voile local. Son matos, une aile de kite et une planche directionnelle, est hissé à bord par 4 jeunes insulaires venus l’accueillir. Il a les traits tirés, mais aussi un sourire qui en dit long sur le plaisir qu’il ressent à cet instant précis. Et pour cause : Plus tôt dans la matinée, peu après 11h00, escorté par deux autres kitesurfeurs et un bateau d’assistance, il quittait le petit port des Issambres dans le golfe de St TROPEZ, et fonçait vers le large, cap au 115°, pour une petite ballade de 106 miles nautiques (190 kms).


Lundi 23 Juillet 2007 – 21h00 - Dans une paillotte – Les Issambres :
 La soirée, d’une exceptionnelle douceur, ressemble à une veillée d’armes. Toute l’équipe est réunie autour d’une bonne table. Les 3 riders, Raphaël SALLES, Marc BLANC, et votre serviteur discutent avec Stépan EON, notre super intendant et spécialiste des traversées Continent-Corse, Franck …….,  le pilote de la sécu, et Hugo BADAROUX, le rédac chef de kitesurf mag. Il ne manque que Pierre LASNIER, notre ingénieur météo, et …………….. le photographe de Stance, qui arrivera dans la nuit. La traversée, prévue pour demain est omniprésente dans nos débats. Tout est passé en revue, ailes, planches, radios, camelbags, lunettes, combis, communications, attitude sur l’eau, vitesse de croisière mini, etc…. Les prévisions nous annoncent une météo « virile » : BMS en cours – vent d’ouest force 6 virant sud ouest 7 à 8 au large. C'est-à-dire 30/35 nds, avec rafales à 40nds ! En clair, on s’attend à recevoir un chouia. Le choix du matos sera déterminant. Pour les planches, on sait ce qu’il faut. Le seul outil capable d’avaler près de 200 bornes à plus de 20 nds de moyenne dans une mer formée, c’est une bonne planche directionnelle. Le Big Boss de F ONE travaille sur le sujet depuis près de 3 ans. Les bêtes qu’on a amenées font  2 m de long avec une largeur proche de 45cm. Assez lourdes et très rapides (35.7 nds sur le run de Leucate !!!) elles devraient nous permettre de mener à bien la mission (une production en petite série est d’ailleurs envisagée pour la fin de l’année).
Concernant les ailes, cette aventure va nous permettre de tester la petite dernière, fraichement sortie des bureaux de Montpellier. J’ai nommé la Bandit. On a décidé qu’on ne changerait pas de surface pendant la traversée, sauf en cas de casse. Cela nous impose donc, à cause de la raclée qu’on est censé se prendre au milieu de nulle part, de partir en petite taille.  Raph et Marco optent pour la 7.5² en 22 m de lignes. C’est une petite aile, avec un depower maximum, et qui possède néanmoins un bon fond de puissance. Quant à moi, avec mon quintal passé, je partirai en 9m² et 24m de lignes.
Le réveil demain matin est prévu à 07h00. On décide donc de ne pas s’éterniser, car notre pari s’annonce quoi qu’on dise assez risqué, et l’on sait tous que quelque sera le chrono réalisé, on va tous morfler notre race !!! Demain, on n’essaie pas le dernier jeu à la mode sur Playstation, mais on part pour quelque chose de grand,  avec une infime part d’incertitude, celle qui nous fait gamberger, et risque dans l’immédiat de nous empêcher de trouver rapidement l’indispensable sommeil bienfaiteur.


Mardi 24 Juillet 2007 – 09h30 – Port Rio – Les ISSAMBRES :

Après le bon ‘ti dej’, toute la troupe se retrouve dans un petit port ou nous attend Franck et son bateau. C’est un superbe semi rigide LOMAC de 9.50m, propulsé par 2 x 200 cv. L’engin et son patron inspirent confiance, ça tombe bien, en cas de lézard, c’est lui qui va nous empêcher de mourir, mangés par les vilains requins carnivores et autres mérous assoiffés du sang de prétentieux kiteurs néoprénisés que nous sommes !!! Argh !!!  je veux pas mourir dans le mouillé !!!! Maman !! Je te jure que si j’arrive en face sain et sauf, j’arrête de dire du mal de Thalassa !!!
On connecte les lignes sur chacune de nos ailes qui seront gonflées depuis le bateau, à 300m de la cote, car bien que ça commence à moutonner au large, il y a pétole au bord, à cause du relief varois. Chaque détail est vérifié : Remplissage des camelbags, contrôle des radios VHF, fusées de détresse…. Franck fait chauffer doucement les 2 x 200 CV pendant que le bateau finit d’être chargé. Enfin, nous montons tous les six à bord, et quittons le petit port, aussi discrètement que possible, car on n’est pas certains que le sémaphore du coin reste totalement indifférent à notre petite procédure de départ……


Zone de départ – 10h35 :

Nous y voici : Le vent rentre d’ouest, un peu rafaleux (15/20nds). Aucun nuage. A cette époque de l’année, le nombre de bateaux de plaisance est étonnamment faible. Le BMS en cours y est certainement pour quelque chose. Pendant que Raph regarde sa montre, Marco et moi nous mettons à zéro nos données GPS, et Franck appelle ………. , actuellement à bord de l’hélico qui devrait être sur nous dans 30 minutes. Petit moment de silence, on regarde Raph qui se demande si l’on doit attendre l’hélico, ou si on file de suite. En fait, notre tentative doit se faire dans une « fenêtre de vent » assez restreinte. On souhaite partir avant le gros coup, de manière à naviguer au devant du front, et bénéficier ainsi d’une mer pas trop destroyed.  Si l’on tarde, on risque de se faire rattraper par le coup de vent prévu aux alentours de 17h00. Et aucun de nous n’a envie d’encaisser des claques à 40 nds, voire plus ! De toute façon, on n’a pas pris nos peignes… Finalement, Raph nous dit : « Allez, on se met à l’eau, l’un après l’autre, ça prendra bien 15 minutes, et à 11h00, si on est prêt, on trace, l’hélico nous rattrapera au large ».
Puis il endosse son camelbag et se jette à l’eau en premier. Il déroule ses lignes en nageant à reculons pendant que son aile finit d’être gonflée à l’avant du LOMAC. Après un signe de la main, l’aile monte au zénith. Ensuite, il chausse sa directionnelle et dégage plein sud. Vient mon tour. Même scénario. Puis Marco fait de même et nous rejoint.


            Zone de départ – 11h00 :

Nous naviguons à présent autour du bateau. Je tire sur la pipette de mon Camelbag, car déjà j’ai la gorge sèche. J’ajuste la visière de ma casquette et mes lunettes de soleil. L’écran de mon GPS accroché à mon bras droit m’indique 4 données présélectionnées : L’heure, la vitesse max, la vitesse instantanée, et la distance parcourue. Mon aile toute noire tranche dans le ciel d’un bleu…ciel ! A la faveur de nos croisements, on se fait signe de la main pour confirmer que tout est OK.  Raph se rapproche une ultime fois du bateau pour faire le point sur l’approche de l’hélicoptère. Celui ci sera un peu en retard. Je suis sous le vent du bateau,  et Marco suit Raph à 40 m. Tout à coup, j’entends Raph qui me crie quelque chose. Je ne comprends rien, mais je crois savoir ce qu’il me dit. Je me retourne et je devine, à le voir partir au taquet dans mon dos, qu’il a décidé de lâcher les watts. Ca y est ! Je regarde mon GPS. Il est 11h04, et rapidement on se calle à une vitesse supérieure à 20 nds. L’angle du vent est assez abattu. Le cap nous sera donné par la direction dans laquelle ira le bateau. S’il reste à nos cotés, on est bon, s’il s’éloigne sur la gauche, il nous faudra abattre encore plus.



Raphael et Marco ouvrent le bal....Momo ferme la route
Un grand moment dans une vie de kitesurfeur.... à partager, impérativement.
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Allez ! Pour le moment, il faut ne faut penser qu’à trois choses : Glisser propre, vite, et bien ! Le vent est là, pas fort, mais il est là. On glisse tous les trois en plein dans la réfraction du soleil. Bien content d’avoir pris des lunettes, moi ! La mer est plutôt tranquille, avec toutefois quelques marches qu’il faut aborder avec attention. Les GPS se calent autour des 20 nds. C’est un peu leger, car si l’on veut se farcir la traversée en moins de 5 heures comme prévu, en comptant les temps de relâche (remplissage des camelbags) et autres éventuels pépins, il nous marcher le plus souvent à 25 nds, pour engranger un peu de marge. Raph et Marco se suivent à 50m, je ferme la marche à 100m au vent et derrière eux. Je suis sous toilé, mais c’était prévu, du moins pour le départ. En attendant, il me faut bouger l’aile pour tenir la vitesse imposée par mes deux collègues.
Au bout de 15 minutes de nav’, j’entends derrière moi un bruit de rotor. C’est notre hélico qui nous a retrouvés. Aussitôt sur nous, il se met à la perpendiculaire de notre trajectoire et nous accompagne, porte latérale ouverte et caméraman en action. Superbe vision que celle de ce petit hélico qui vole en crabe dans les reflets du soleil avec les patins à moins de 2m des vagues, soulevant grâce au souffle de son rotor des paquets d’embruns argentés ! Notre gros insecte (qui pue l’essence aviation !!) nous accompagnera ainsi pendant plus de trente minutes, restant en permanence aux aguets, afin de proposer au caméraman le meilleur angle de vue sur la petite escadrille. Le bateau, avec Franck aux manettes, et Hugo et Stéphan en observateurs, nous suit sous le vent. Pour lui, les 20 nds de moyenne sont une simple formalité. En naviguant relativement loin sous notre vent, il nous fait comprendre qu’on est un poil trop à droite. Aucun de nous trois n’étant d’accord pour signer un « Continent – Sardaigne », on bascule sensiblement à gauche, mais cela devient franchement abattu, et le vent ne monte toujours pas. Du coup, il faut naviguer planche à plat mais l’aile ne porte pas assez, et pendant que la jambe avant encaisse toutes les aspérités du terrain, la jambe arrière supporte, non sans rouspéter, quasiment tout le poids du bonhomme. Je me dis que si le vent reste comme cela, il va falloir anticiper sur les futures crampes qui ne vont pas tarder. Je me rappelle de la ration d’eau minimum à engloutir : Deux grandes gorgées toutes les 15 minutes. Je ne me gêne pas pour augmenter la dose….
Au fil des minutes, je me fais lentement distancer par les deux « avions de chasse ». Ils s’éloignent de moi, car je suis comme pris en otage par un angle de navigation nécessairement moins lâché qu’eux, à cause de ma trop petite taille d’aile. Du coup, je suis trop à droite, et de surcroit, je me traîne. Un bref coup d’œil sur le GPS me confirme la vitesse que je ne sentais pas évoluer : 18/20 nds d’amplitude. Ce n’est pas assez. Et Raph, toujours en tête du cortège, ne va pas tarder à me le faire comprendre…
Les voyant ralentir, et se faire rattraper par le bateau, je décide de les rejoindre. Plein vent arrière, je change même d’amure, cap au nord-est. Arrivé à leur niveau, Raph me fait un peu la gueule, car je leur pourris la moyenne. On discute de mon problème, recharge les camelbags, et on repart de plus belle. A ce stade, je ne peux miser que sur une allonge du vent, ou une légère rotation au sud ouest, sinon rien ne pourra me faire aller aussi vite qu’eux.
            Comble de malchance, alors que je fais de mon mieux pour rester collé aux basques de Tom & Jerry, je sens tout à coup une infime vibration sous ma planche. Je me dis : « Non ! pas une algue dans les ailerons, pas ici à 35 miles de la cote ! Encore moins un sac en plastique !!! Pas ça !! » Je saute pour tenter de me séparer de ce p…… de gros c……. d’……. de sa race maudite de truc pourri, mais rien n’y fait. Je suis alors obligé de stopper pour retourner la board et arracher cette chose…. Hélas, j’aurais préféré que ce soit une algue ou un sac de chez Intermammouth. Un des trois ailerons s’est payé une belle plongée en apnée dans les abysses…en emportant avec lui tout le boitier !!! Un gros trou dans ma planche, qui fait écope et me freine comme si je naviguais avec la housse !!!!  Je sais dès cet instant que c’est très mal barré pour moi, car les planches de secours dans le bateau sont plus étroites encore que celle que j’avais. Donc pour la portance dans l’abattu, je repasserai… Je fais donc signe au bateau, qui me rejoint. Au moment où je leur indique que ma planche est morte, Stephan me dit que Raph souhaite accélérer. Je comprends aussitôt que je les ralentis considérablement. Aussi, sans hésiter, je présente mon aile à Hugo qui s’est mis à l’avant du bateau. Sitôt dans ses mains, il ouvre la valve et commence à plier l’aile.
Jamais je n’aurais pensé que le bruit si caractéristique de l’air qui sort d’un boudin, ce bruit que j’ai entendu plusieurs centaines de fois, ce bruit qui si souvent signait la fin d’une belle journée de navigation, ce bruit qui annonçait l’imminence d’une grosse partie de tchatche entre amis, agrémentée de deux ou trois « cervoises post-nav’ »,  jamais j’aurais imaginé qu’un jour, il puisse m’être à ce point désagréable …. Mon GPS, a ce moment là m’indique qu’on a fait 38 miles nautiques en 2h00, soit 19 nds de moyenne.


Jusqu’à l’arrivée : « Soixante neuf ……miles nautiiiiiiques !!! » 

Le temps de tout ranger et de me caler dans le bateau, Stone & Charden ont mis le Cruise Control sur « full power ». Les voilà à présent très loin du bateau, probablement à plus de trois miles nautiques. Dans cette immensité, les deux ailes paraissent minuscules à l’horizon. Pour les rattraper, Franck va faire chanter les deux V6, et le bateau file à présent à 33 nds. Nous mettrons plus de 15 minutes pour revenir à la hauteur de Bonnie and Clyde. C’est sur ce secteur qu’ils auront atteint les meilleures vitesses, avec un 28.8 nds sur le GPS de Raph. Marco signera pratiquement le même chrono.
A ce stade du parcours, Stéphan se dit que si le vent monte comme prévu, et surtout si les jambes de Laurel & Hardy tiennent le coup, le temps de référence établi voici deux ans par Manu BERTIN (06h39) va prendre un sacré coup de vieux ! Même le record absolu de traversée à la voile, détenu depuis 8 ans par feu Paul VATINE à bord de son maxi catamaran« Club Med », (05h04mn) a du souci à se faire !!!! Tout ceci, Raph l’a bien compris, et jusqu’à la fin, poussé par une exceptionnelle détermination, il va imposer à Marco un rythme plus que soutenu! Marco est lui aussi légèrement pénalisé par son rapport poids/puissance. Il a en effet la même aile que Raph (7.5m²) mais il y a un écart de 15 bons kilos en faveur du « Boss ». S’ils naviguaient vent de travers, cette différence serait quantité négligeable, mais à ce moment du parcours, ils font route à environ 150° du vent. A cause de ceci, Marco n’aura de cesse de bouger son aile pendant les 200 prochaines minutes !!!
            Malgré tout, David & Jonathan abattent les miles nautiques à une cadence très élevée. L’état de la mer n’évolue guère, et le vent oscille entre 22 et 25 nds. Le GPS du Lomac nous indique une vitesse similaire, et la boussole pointe le cap au 110°. De temps en temps, et à tour de rôle, Dupont et Dupont nous jettent sur le Lomac leur Camelbag vide. Hugo et moi remplissons chaque poche d’une mixture à haut pouvoir énergétique. Ensuite, nous les lançons à l’eau, devant les riders qui les récupèrent, et repartent illico. Ce à quoi nous assistons depuis le bateau sécu est extraordinaire : Chaque seconde perdue semble renforcer la motivation de nos deux lascars. Malgré la fatigue qui s’inscrit à présent sur leur visage, ils ont décidé, chacun avec ses propres arguments, qu’ils arriveront en Corse, et que la douleur grandissante aux cuisses et aux mollets ne pourra, ne devra en aucune manière contrarier cette aventure. S’il le fallait, Raph serait même capable de tracter le Lomac avec son aile, en cas d’avarie moteur ! J’ai rarement vu quelqu’un refuser à ce point toute notion d’échec. Ils iront au bout, point barre. C’est écrit quelque part.
            Au gré des miles qui tombent comme des mouches, l’écart entre Gault & Milhaud s’accentue. Pendant que le premier parvient à caler sa Bandit dans le ciel, le second est obligé d’envoyer son aile de haut en bas pour rester à une vitesse acceptable. Pendant près d’une heure, Marco va superposer son sillage à celui du bateau, ce qui a le double avantage de lui montrer le bon cap et de lisser quelque peu la surface de l’eau. A bord, on se partage les taches : Hugo et Stephan surveillent Raph, Franck gère le bateau, et moi, à l’arrière, je veille sur Marco. L’heure tourne. Il est un peu moins de 15h00 quand Hugo me tape sur l’épaule : « Regarde, momo, je crois qu’en face, sous les nuages, c’est la Corse ». Effectivement, on devine à peine les lignes de crêtes sombres qui émergent du halo nuageux.
A cet instant, je me suis senti comme projeté au 18eme siècle, à bord de ces galions qui parcouraient les mers du monde, et qui, au hasard de leur périple, tombaient sur une terra incognita. C’était eux, les vrais aventuriers. Et, toute proportion gardée, notre « exploit »ne pèse pas grand-chose, comparé à ce que pouvait être la vie au quotidien des marins et autres flibustiers. La qualité des prévisions météo, l’électronique embarquée, les balises Argos, la vigilance du Crossmed sont autant d’éléments qui peuvent permettre à quiconque de naviguer avec une relative sécurité. Mais, Dieu merci, tout n’est pas prévisible…
La dernière heure de nav’, avec l’île de Beauté en toile de fond, va se faire au grand galop. Dans une mer hachée, voire à chier, Raphaël va s’arracher les tripes et littéralement nous laisser sur place. Il est comme aimanté par la Corse, et à 10 miles des cotes, à la faveur d’un vent  bien établi au sud ouest, il trace à plus de 25 nds au milieu d’une houle croisée qui secoue franchement le bateau. Les dix mètres de long ne nous empêcheront pas d’enfourner à deux reprises ! Franck est tiraillé par la nécessité de veiller sur nos deux forçats en même temps, alors que près de 4 miles les séparent. On est entre les deux. Du coup, on surveille réellement personne. On se dit alors que le sémaphore qui nous a forcément vus en approche va suivre des jumelles celui que nous délaisserons. On choisit donc de stopper pour attendre Marco. En se rapprochant de nous, ses jambes sont à la limite, et il va tomber trois fois en vingt minutes, signe qu’il est grand temps d’arriver ! L’aile de Raph n’est plus visible, noyée parmi les couleurs surnaturelles des falaises précédant la Citadelle de Calvi. Stephan prend son portable et appelle le club de voile de la ville pour les prévenir de l’arrivée imminente de deux kitesurfeurs partis 5 heures auparavant de St Tropez…. Les autres hallucinent.



Entrée du Port de Calvi - 16h30 : « Je saigne…..moi non plus »

Après avoir récupéré Marco au pied de la dernière falaise avant de basculer dans le port, nous entrons dans la baie de Calvi, à la recherche de Raph. On le retrouvera, sous la forteresse, à bord du petit zodiac rouge du club de voile venu nous accueillir. Après avoir arrêté son chrono à l’endroit prévu, il a voulu aller le plus loin possible, mais les montagnes l’ont bloqué là. On s’approche, il nous regarde arriver sur lui, à faible allure. « J’étais à fond depuis une heure, les gars, mais j’ai pas pu faire mieux que 5h20mn…. » Marco et Raph se tapent dans la main…. Mission accomplie.
Les deux bateaux rentrent bord à bord au ralenti dans le port de Calvi. Une place nous a été réservée. On accoste. Raph débarque. Il boite comme c’est pas permis. Son mollet est bloqué, et la douleur l’empêche d’aller plus loin. Il s’assoit sur le parapet. Marco débarque à son tour. Il sent à son tour une vieille douleur sous le pied droit. Il regarde : La peau de la voute plantaire est partie. Et ça pisse dru le sang. On verra ça plus tard…
Pour le moment, les deux hommes sont assis cote à cote. Ils ont mal partout. Mais ils ont tenu.

2 commentaires:

  1. Super récit Momo. Déçu, mais certainement pas autant que toi de ne pas être allé jusqu'au bout !!
    Fait un appel au don pour 5000 euros sur le net, et fais la cette "putain" de traversée Continent/Corse, et explose ce chrono !!!! 500 potes qui ne te paieront pas de bière la prochaines fois qu'ils te croiseront, mais participeront à 10 euros pour ta traversée... et au final, ils te paieront 2 bières la fois suivante pour évoquer cet exploit avec toi !!!
    Alors, c'est quand que tu fais la traversée continent Corse ?! En 2015 ou 2016 ? :)
    Bon vent Momo.
    A bientôt mon ami !!

    Ps : je t attendrai à Calvi avec sac d'andouillette s'il le faut :):)

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    1. Je vais commencer par Carro / Gruissan, et après je verrai......
      Merci pour la belle suggestion
      Bises

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